La transition vers la démocratie occupe une place de choix dans l'imaginaire espagnol. Miroir positif de la tragédie représentée par la Guerre civile de 1936-1939, vantée à l'extérieur comme un modèle à suivre, cette transition est devenue en Espagne un mythe fondateur. Réputée pacifique, elle n'aurait pas, ou peu, fait couler le sang. Ce livre souligne pourtant le contraire. À partir de données inédites, il conclut à l'existence d'un cycle de violences qui, loin d'être à mettre sur le seul compte de l'ETA, est imputable à des protestataires de tous bords ainsi qu'aux agents de l'État parfois enclins à la bavure. Cet ouvrage se penche sur les motivations et les pratiques des acteurs ainsi que sur la réforme du système répressif franquiste, entachée par le recours à la torture ou à la « guerre sale » contre un terrorisme croissant. Il décrypte en outre le poids des imaginaires dans une Espagne traumatisée par un passé douloureux que réactive la violence du présent. Ainsi, en replaçant la violence et sa mémoire au coeur de l'analyse, il contribue à renouveler l'interprétation de cette période clef de l'Espagne contemporaine.